Comme nous l'avons expliqué dans l'article sur le Cycle du carbone, les végétaux sont de véritables piliers dans le début de la chaîne alimentaire. Ils permettent à tous les herbivores de se nourrir. Dans cette perspective, il faut bien s'imaginer des concepts naturels qui se sont construits au fur et à mesure du temps sans l'aide humaine: la forêt. Nous allons essayer de détailler le maximum d'informations de façon à ce que chacun comprenne.
La forêt est un système complexe, c'est à dire que le fonctionnement est dû à pleins d'acteurs différents qui ont des liens entre chacuns d'eux. Prenons un exemple: un arbre de forêt est en contact avec le sol via ses racines où il utilise des nutriments du sol, mais en redonne aussi lors de l'automne avec les feuilles qui retombe sur ce sol. Des petits organismes vont alors se nourrir de ces feuilles fraichement tombées, ou voir même vont s'en nourrir à même l'arbre.
Au delà de juste un garde manger pour les insectes et la Macrofaune en général, il a d'autres rôles encore plus intéressants ! Mais ce ne sera pas détaillé dans cet article. Dans celui ci nous allons alors nommer des points importants pour cultiver voir cueillir des fruits et légumes en association avec le vivant, et non contre.
Comprendre les cycles
Au delà du cycle du carbone, il y a d'autres nutriments essentiels pour les plantes, comme l'eau, l'azote, le phosphore. Ils permettent tous la croissance de la plante, directement ou indirectement.
Le phosphore
Il est très lié à l'azote, leurs utilisation est semblable et permet à la plante de développer ses racines, créer des tissus plus complexes et résistants (pour se protéger des attaques). Le phosphore sert en combinaison dans l'ADN et l'ARN dont il est le squelette. Il permet aussi de transférer de l'énergie au propre compte de la plante, vous avez bien compris qu'il est aussi opérant pour la photosynthèse. Donc globalement, le phosphore est essentiel pour la structure globale des organismes (dents, squelettes pour les animaux, transfert d'énergie pour le règne végétal) et pour la solidité et la multiplication cellulaire.
L'azote
L'azote est quant à lui, un élément déterminant dans la nutrition des aliments et de la plante. Il est disponible dans le sol, appelé 'azote minéral' (NH4+ ; NO3), mais aussi dans l'air, 'azote atmosphérique' (ce qui compose en grande partie l'atmosphère = à environ 70%). Cet azote joue un rôle dans la création de protéines complexes, les fameuses protéines qu'on entend souvent pour la viande, viennent en grande partie des plantes.
Toutes les plantes ne savent pas utiliser l'azote de l'air qui est très présent, seule la famille des Légumineuses (les pois, haricots, soja,etc...) sait faire ça via une symbiose (échange mutuel de bons procédés) avec une bactérie 'Rhizobium'.
C'est aussi pour cela qu'il faut impérativement avoir des cultures diversifiées pour avoir des cycles de nutriments, par exemple, avec l'Azote, il est capturé par un pois, puis la plante meurt en fin d'année, et cet azote est digéré par des organismes sur le sol, qui le rend assimilable par les autres plantes.
Les sols couverts VS les sols nus
Le soleil notre allié indispensable, mais avec parcimonie
Effectivement comme expliqué dans le Cycle de Carbone, le soleil est primordial aux prémices de la vie. Cependant, quand il n'y a pas nos alliées présentes sur un sol, ce dernier prend de plein fouet les rayonnements du soleil. Hors un sol nu naturellement c'est très souvent un sol sans la vie que nous connaissons en milieu tempéré. La vie du sol, il faut bien le comprendre ne peut se développer que si les plantes sont présentes pour les cycles des nutriments, mais aussi pour l'ombre qu'elles procurent en absorbant des rayonnements du soleil. Quand nous parlons de vie du sol (oui il y a les vers de terre mais pas que), on parle quand même autant de vie que sur la surface de la Terre.
Cette vie du sol est extrêmmement sensible aux rayonnements du soleil car non habituée à une exposition semblable, c'est très rare que vous voyez nos amis vers de terre se promener sur le sol ! Si ces êtres-vivants ou une partie du sol se retrouvent exposés , alors les organismes ayant besoin d'humidité (oui car le soleil créer de l'évaporation du sol) et d'ombre vont devoir migrer vers des milieux avec de meilleurs conditions (profondeur ou un autre biotope) ou mourir.
L'agriculture industrielle dominante
NB: Le but n'est pas de pointer du doigt les agriculteurs, ils n'ont pas tous ces pratiques 'clichées'. Ce n'est pas un métier facile et pourtant essentiel, et les industriels derrière ont des intérêts à préserver ce modèle. Il s'agit d'apporter factuellement des réflexions pour que les personnes puissent se faire un avis de la situation.
le dérèglement du sol
Le labour est une technique qui à été mise en place pour accélérer les rotations des cultures et éviter les plantes "concurrentes" sur les sols cultivés. Aujourd'hui nous avons beaucoup plus de recul sur la situation et nombre d'experts comme Marc-André Sélosse constatent une forte dégradation des sols labourés sur le long terme. On va expliquer brièvement cet aspect.
Il y aurait dans le sol (un sol non maîtrisé par l'Humain), une quantité énorme de bactéries anaérobies qui ne peuvent que vivre dans le sol, car elles ne supportent pas le taux d'oxygène de l'air qui est bien plus élevé. Cette vie dans le sol est importante pour les cycles alimentaires du vivant et dont dépendent les autres organismes (insectes, macrofaune) qui permettent aux plantes d'assimiler des minéraux (ainsi que les champignons) et en digérant des nutriments inassimilables.
Dès lors où l'on perturbe cette faune du sous-sol, en labourant par exemple, on tue (en oxydant) toute cette microfaune et macrofaune, ce qui dérègle les cycles des nutriments et du vivant sous la surface (en général sous les 30 cm de couche de terres atteintes par le labour).
Il faut bien noter que ces cycles prennent du temps à se mettre en place, et que les changements sont notables sur le long terme. Un impact de ce sol, avec une vision anthropocentrée revient à diminuer l'alimentation des plantes et ainsi notre qualité d'alimentation. Mais on pourrait très bien se dire qu'on élimine du vivant de façon abondante alors qu'on pourrait faire autrement!
Pour donner un exemple sur la qualité alimentaire, la fameuse légende de la vitamine B12 qui se trouverait dans la viande est complètement fausse, elle passe dans la viande mais vient du sol via une bactérie qui y vit de façon naturelle et qui contient les précurseurs à la vitamine B12. La partie des animaux qui peuvent brouter des prairies qui ne sont pas stérilisées ou labourées, contiennent alors cette fameuse source de vitamines B12, mais pas les autres, ou très peu. Il suffirait juste d'avoir un sol 'sauvage' qui permettent aux bactéries de proliférer et nous nourrir correctement via même les végétaux.
Les produits chimiques et artificiels
Quand on parle des pesticides, on imagine tout de suite la marque Roundup avec le mot glyphosate dessus. Mais il faut savoir que le mot pesticide est un peu fourre-tout, en effet, beaucoup de gens imaginent que les pesticides sont artificiels sauf que les pesticides dits naturels et bio détruisent le vivant aussi. On pourrait très bien se dire :
"Mais pourquoi on nous parle tout le temps des pesticides (néonicotinoïdes, Glyphosate ) ?"
Il faut bien comprendre la différence entre les deux. les pesticides sont des biocides (qui tuent le vivant), la différence c'est que les pesticides artificiels sont conçus pour tuer par nature, ce qui n'est pas le cas par exemple des éléments présents dans du bicarbonate de soude, ou des purins (orties, ail, etc..), des traitements au cuivre et au souffre.
Cependant, il faut bien noter que même ces produits dits de traitement écologique ont un impact sur le vivant. Par exemple, le traitement au cuivre utilisé pour les vignes en général est nocif pour la vie du sol, car il inhibe le développement de certains micro-organismes, champignons et vers de terre.
"Alors pourquoi serait-il mieux d'utiliser des traitements dits naturels ?"
Il y a plusieurs avantages à ça:
La disponibilité = en effet, il est quand même bien plus facile de se procurer ce dont on a besoin pour son purin d'ortie maison que son désherbant Roundup dont on ne connaît pas la composition réelle et dont des éléments doivent-être extraits dans des mines à 10 000km.
l'écotoxicité = la toxicité des pesticides naturels est moins forte, en général, car moins concentrée que les pesticides artificiels et ils sont accompagnés d'autres molécules qui rendent la disparition plus facile.
la différence énergétique = aujourd'hui dans un soucis de climat et de gaz à effet de serre, le but étant de limiter les usages d'énergies carbonnées. Dans cette optique, les pesticides et intrants sont fabriqués à partir de pétrole et de gaz, alors que faire son purin ne demande aucune extraction de quoique ce soit d'autre que la plante sur le sol et de l'eau. Donc le rapport énergie/utilisation diminue. Le cuivre et autres traitements minéraux sont les exceptions de cet argument.
Tout n'est pas rose ni noir. Il est aujourd'hui certain que les pesticides (artificiels actuellement) jouent un rôle dans les problèmes de santé publique autant humaines que pour les autres facettes du vivant (cancer, perturbation endocrinienne, dérégulation de la vie du sol,fracture des cycles de nutriments).